mardi 11 janvier 2011

La traversée

Au matin du jeudi 17 décembre, deux  jours après le départ d’Amélie et deux jours avant l’arrivée de Céline, nous avons un vent sud-est de 10 nœuds pour 48 heures. C’est la fenêtre qu’on attendait depuis 3 semaines, notre chance de laisser le continent pour les eaux turquoises.
Le lever se fait à six heures tapantes pour faire les dernières petites préparations avant le lever du jour. Olivier et moi sommes confiants, mais très fébriles à l’approche de ce point culminant de notre voyage que nous anticipons depuis si longtemps. Nous aurions aimé faire la traversée à deux bateaux mais nos compagnons de voyage avaient un itinéraire différent du nôtre et il nous aurait fallu aller se positionner à une sortie de mer où d’autres voiliers se trouvaient pour traverser en groupe, mais nous étions à un Yacht Club depuis 3 nuits à cause de la température très froide et nous nous sommes rendus de justesse à une autre marina où nous pouvions mettre de l’essence à la veille du départ. Les conditions n’étaient donc pas très propices à la rencontre de gens dans la même situation que nous.
Nous quittons le continent à la levée du soleil, vers 7h00, avec le paysage urbain de Miami derrière nous qui devient de plus en plus petit jusqu’à ce que nous perdons ses plus gros Building et la côte de vue après 3 heures de navigation. Nous sommes déjà dans le Golf Stream à ce moment et nous nous rapprochons de plus en plus de son centre où le courant est à son plus fort, 4 nœuds vers le nord. Malgré les bonnes conditions météorologiques qui nous accompagnent, la vague de quelques pieds qui nous brasse pendant 5 heures nous démontre la force du Golf Stream. Le voyage est long, surtout avec « le vent dans face » que nous avons et qui ne nous permet pas de sortir les voiles. On est par contre très contents de notre traversée pépère parce qu’on ne peut même pas s’imaginer ce que ça devient avec un vent qui tourne au nord et la vague qui lève. L’équipage se porte bien ; Olivier supporte bien la mer avec sa « patch » ainsi que moi qui en est à ma première expérience en haute mer. Ce n’est pas la mer à boire non plus pour Laurick qui se repose toujours beaucoup plus lorsqu’on navigue.
Laurick qui fait sa part du boulot

Nous passons Gun Cay, première île bahamienne sur notre chemin, à 16h30. Nous poursuivons notre route sur le Great Bank (banc de sable). Il n’y a qu’une dizaine de pieds d’eau sous le bateau et nous voyons le fond jusqu’à ce que la noirceur tombe à 18h00. Laurick va faire dodo peu de temps après ça et c’est la partie « nuit » de la traversée qui commence. J’ai un petit choc lorsque je remonte dans le cockpit et que je vois qu’on ne voit rien devant nous. Je suis déjà fatiguée, il n’est que 20h00 et nous devons encore naviguer jusqu’à midi le lendemain avant Nassau. Je vais dormir deux heures et Olivier débute la nuit. C’est ensuite mon tour, mais pauvre Olivier, c’est plus fort que moi, je cogne des clous et je m’endors à la barre après une heure seulement. Il reprend donc la barre et je somnole à côté de lui. Nous entendons quelques bateaux parler sur le 16, nous voyons quelques feux de navigation de ces bateaux à une grande distance devant nous, mais nous n’arrivons pas trop à comprendre qui est qui. Un moment donné, on s’aperçoit qu’un bateau avec qui on parlait depuis plusieurs heures était derrière et non devant nous. Deux d’entre eux ont finalement décidé de s’ancrer sur le banc et on n’a jamais retrouvé les autres lol, ils étaient probablement sur une autre route. J’ai beaucoup aimé le calme de naviguer dans le milieu de nulle part à la noirceur, mais c’était un inquiétant de se sentir autant déboussolée. Ça n’a pas énervé Olivier qui y est très habitué, mais on a quand-même eu des petits moments de panique en voyant des lumières qu’on n’arrivait pas à identifier sur nos cartes. Il y a eu de l’émotion dans l’air!

Levée du soleil à 40 milles de Nassau
On a finalement fait le chemin jusqu’à Nassau sans s’arrêter. On est arrivés à midi et on a pu sortir du bateau vers 14h30 après que les douanières soient passées. Le paysage du port de Nassau nous donne un coup de fouet pour se rendre jusqu’à 20h00, heure du coucher de Laurick J.

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